Plaisirs interdits

C’était un de ces dimanches matin où le froid vous transperce assez pour vous rappeler ce que c’est un vrai hiver. Je vais au marché. Voilà des mois que je n’y ai pas mis les pieds ; la grande mascarade* m’avait, à la longue, coupé l’envie.

 

Ce matin-là, j’y vais Joséphine à un bras et la béquille à l’autre. Je profite de l’attention que Joséphine porte à ma démarche douteuse et boiteuse pour ne pas faire allusion aux masques que nous oublions gentiment dans le fond de nos sacs à mains. Nous avançons avec nos objectifs respectifs : pain, poulet, légumes.

Je reste attentive aux regards croisés. Je sais bien qu’il y a un panneau qui dit que... mais, aujourd’hui, c’est fête : je fais le marché avec un rayon de soleil ! 

 

Et comme un dimanche normal, au marché, on y croise les ami-es, celles vues hier et ceux depuis une éternité ou deux. 

C’est Anna qu’on va croiser en premier et sans se donner le mot, sans réfléchir... Cathy arrive avec son chéri... Sans se poser la moindre question... Juste le plaisir de se voir, se revoir. Et cela devient une grande embrassade ! Des bises à n’en plus finir ! Des rires et sourires. Le plaisir de se sentir. Se sentir vivant. Sans peur ni reproche. Le simple plaisir de se toucher, s’embrasser, se regarder dans des yeux joyeux. Le plaisir de goûter à un morceau de notre humanité en toute simplicité.

 

Il n’y a rien à faire, je n’en veux pas de cette mode du coude lancé dans l’espoir de croisé le mien. Je veux des embrassades, des baisers ou plus raisonnablement un signe. Oui, je veux bien signer un bonjour : je pose ma main sur ma bouche et l’écarte comme pour saluer. C’est doux comme un baiser qu’on confie au vent. Un bonjour vieux comme la langue des signes !

 

Alors on est d’accord : une embrassade, un baiser ou un joli bonjour signé !

 

*Mascarade : nom féminin

Divertissement où les participants sont déguisés et masqués.

Déguisement, accoutrement ridicule ou bizarre.       

(Source : le Robert)

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Commentaires: 1
  • #1

    Dadou (samedi, 16 janvier 2021 07:44)

    Ce matin samedi, je me réjouis à l'idée de savoir que demain, tu ailles avec Joséphine ou Capucine au marché rétréci, juste pour claquer de gros poutous et te délecter d'embrassades goulues et indécentes mêlées de rires à belles dents , devant des gens bouchés cousues qui s'éloignent par peur de contagion....